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Actualité de Décembre 2018 Activ City

Avignon Olivier Baudry de Vaux "Un battement de Papillon au-delà d'Avignon"


Rochefort Claude GIRAUD "La Charente 3° acheteur de Glyphosate" 

La Charente est le 3° plus gros consommateur de glyphosate en France derrière le Vaucluse.

Le glyphosate est un herbicide dangereux "probablement cancérigène" selon l'OMS  et il faut donc signer la pétition "nous voulons des Coquelicots". Le rassemblement en Charentes est à la Rochelle ce 7 décembre devant la mairie 18h30. 334 villes en France fera comme nous! 

Lien https://nousvoulonsdescoquelicots.org/agir-ensemble/


Ecologie, La Maison Brûle

Claude GIRAUD

Super projet que de défendre l'écologie ! Peut-être n'est-il pas trop tard, j'ai bien peur que l'on y pense une fois que la maison brûle. Comme dit le proverbe ce n'est pas lorsqu'il y a le feu dans le plancher qu'il faut interdire aux enfants de jouer avec les allumettes dans la grange à foin, alors il est bien temps d'imaginer l'étendue des dégâts.


Peut-être est-il encore temps de sauver l'espèce humaine ? Pourquoi n'y avons-nous pas pensé plus tôt ? Peut-être étions-nous dans le feu de l'action de l'ère industrielle du toujours plus, toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus gros, toujours plus vite, toujours plus de voitures, de confort, de loisirs, de voyages, nous n'avions jamais imaginer qu'un jour des petites villes entières puissent voyager ensemble sur un bateau ou un avion d'un seul coup d'un seul.


Il y a peut-être plus de monde en mouvement sur terre que de sédentaires. Le réchauffement climatique, la fonte de la calotte glaciaire est inéluctable mais peut-être nous faut-il imaginer d'autres modes de vie, il nous faudra bien composer avec les éléments, l'homme étant le plus imaginatif des animaux pour son évolution inassouvie en bien comme en mal, pour perpétuer son espèce animale, que les autres espèces à son contraire n'auront pas réussi à exterminer.


Au moins s'il s'en sauve pourra-t-il réfléchir comment faire pour retrouver le paradis perdu, puisque de mémoire d'éléphant, s'il en reste encore, l'on n'aura jamais vu tel chambardement.


Mais peut-on douter de la réaction de l'univers ?


Jean Yves Sayag "Dans ma rue" Marseille Frédéric SAUVAGE

9 avril 2018… 

Drôme, Ile de France Robert Branche 

LES GILETS JAUNES, CE QUI ARRIVE QUAND ON GOUVERNE LES FRANÇAIS COMME S'ILS ÉTAIENT UNE STATISTIQUE


Ce que scrutent Emmanuel Macron et son équipe resserrée d'experts, ce sont le taux d'inflation, le taux de chômage, le pouvoir d'achat. Mais pas le réel. 

Blog "Neuro Monde" https://robertbranche.blogspot.com/

Montélimar "Mort Sociale" par Julien COZAR

A Montélimar, la mort sociale continue à éblouir la ville, moins de possibilités de vivre plus de désenchantement d'où les dernières illusions portées par les gilets jaunes du 26.


Bonnes fêtes!! 

Montélimar "La charrue avant les bœufs" Julien COZAR

Grave erreur criminelle de ciblage dans les revendications des gilets jaunes : la charrue avant les bœufs???

Ils veulent plus de pouvoir d'achat???

Tout d'abord qu'est-ce dont ce pouvoir d'achat???

Le pouvoir d'achat du productivisme consiste à vivre au crédit des générations futures qui devront rembourser nos dettes qui nous procurent notre propre confort ...

Donc il est clair que leurs revendications sont TOTALEMENT IRRECEVABLE CAR SUICIDAIRE POUR LA VIE DE VOS ENFANTS

Il faut avant parler de pouvoir d'achat régler le problème de notre dette ...

Donc la première revendications doit être L EFFACEMENT DE LA DETTE FRANCAISE MAIS AUSSI DE TOUS LES PAYS DU MONDE

EN CLAIR FAIRE UN RESET DES COMPTES

ENSUITE ON PEUX REPARTIR LES RICHESSES

PUTAIN FRANCAISES ET FRANCAIS SI VOUS POUVIEZ ARRÊTEZ D ÊTRE IDIOTES ET IDIOTS POUR LA SURVIE DE VOS PROPES ENFANTS CA FERAIT DU BIEN

SOYEZ COHERENT PAS IDIOTS CAR LA VOUS FAITES EXACTEMENT CE QUE VEULENT LES ELITES


Nice "Sors ton Cintre!" Gratiferia le troisième dimanche de chaque mois avec l'ONG Internationale "Un Geste pour tous"

 Retrouvez-nous  www.coeurandact.org / L'ONG Un Geste Pour Tous - Coeur & ACT intervient, de manière apolitique et areligieuse, dans 4 continents, dans les domaines de l'Enfance, la Lutte contre la Précarité et l'Aide alimentaire. 


Site: 

www.association-ungestepourtous.org/offline


Nice Jo Nas "quand l'anarchisme n'est pas fashion"

Samedi je me promenais dans une rue célèbre du centre-ville de Nice et j'étais proche de la contestation lycéenne un flic arrive et me dis "je n'aime pas ta veste, retourne-la" je pige pas d'abord et je comprends. Ma veste a le "A" d'anarchiste. Je lui dis qu'il n'est pas ganté qu'il ne peut pas me fouiller. Il me demande ma carte d'identité je lui donne il me dit "- circule, tu n'as rien à voir". Là, je lui réponds que non j'attends une copine et des potes ils sont allés chercher à manger. Il se casse. Et je continue ma journée...

Vaucluse Anne LAROUTIS

"Le fédéralisme européen n'est pas un vilain mot"

A cause d'un langage multiple, où Strasbourg légifère et Bruxelles adapte cette législation en traduction économique, le citoyen ne se reconnait plus ou ne connait qu'une chose: il se sent taxé de toutes parts, tant au niveau de son pays comme au niveau de l'Union Européenne.


En Europe on ne parle ni d'économie locale, ni de la notion d'individu, ni de précarité.


Et si nous remettions l'Homme au cœur du système européen?


Et si nous reprenions l'utopie de l'Espéranto européen, où par un dialogue unique on pourrait se comprendre? 

« La fédération des Etats Nations » comme Delors le préconisait.

Site internet www.fde.fr 


Avignon Les Revendications des gilets jaunes Anne LAROUTIS


Voici les revendications des gilets jaunes.

 Pour l'instant, je ne fais aucun commentaire car je ne suis pas, en tant que citoyenne, d'accord sur certaines revendications mais il me semble important de les mettre en "action" avec notre réflexion. Les voici:


  • Augmentation du smic à 1 300 euros net, retour à la retraite à 60 ans ou abandon du prélèvement à la source... La liste comprend de nombreuses mesures sociales, mais également des mesures concernant les transports, comme la fin de la hausse des taxes sur le carburant et la mise en place d'une taxe sur le fuel maritime et le kérosène. Voici cette liste non exhaustive de revendications :


• Zéro SDF : URGENT.


• Davantage de progressivité dans l'impôt sur le revenu, c'est-à-dire davantage de tranches.


• Smic à 1 300 euros net.


• Favoriser les petits commerces des villages et centres-villes. Cesser la construction des grosses zones commerciales autour des grandes villes qui tuent le petit commerce et davantage de parkings gratuits dans les centres-villes.


• Grand plan d'Isolation des logements pour faire de l'écologie en faisant faire des économies aux ménages.


• Impôts : que les GROS (MacDo, Google, Amazon, Carrefour...) payent GROS et que les petits (artisans, TPE PME) payent petit.


• Même système de Sécurité sociale pour tous (y compris artisans et autoentrepreneurs). Fin du RSI.


• Le système de retraite doit demeurer solidaire et donc socialisé. Pas de retraite à points.


• Fin de la hausse des taxes sur le carburant.


• Pas de retraite en dessous de 1 200 euros.


• Tout représentant élu aura le droit au salaire médian. Ses frais de transports seront surveillés et remboursés s'ils sont justifiés. Droit au ticket restaurant et au chèque-vacances.


• Les salaires de tous les Français ainsi que les retraites et les allocations doivent être indexés à l'inflation.


• Protéger l'industrie française : interdire les délocalisations. Protéger notre industrie, c'est protéger notre savoir-faire et nos emplois.


• Fin du travail détaché. Il est anormal qu'une personne qui travaille sur le territoire français ne bénéficie pas du même salaire et des même droits. Toute personne étant autorisée à travailler sur le territoire français doit être à égalité avec un citoyen français et son employeur doit cotiser à la même hauteur qu'un employeur français.


• Pour la sécurité de l'emploi : limiter davantage le nombre de CDD pour les grosses entreprises. Nous voulons plus de CDI.


• Fin du CICE. Utilisation de cet argent pour le lancement d'une industrie française de la voiture à hydrogène (qui est véritablement écologique, contrairement à la voiture électrique.)


• Fin de la politique d'austérité. On cesse de rembourser les intérêts de la dette qui sont déclarés illégitimes et on commence à rembourser la dette sans prendre l'argent des pauvres et des moins pauvres, mais en allant chercher les 80 milliards de fraude fiscale.


• Que les causes des migrations forcées soient traitées.


• Que les demandeurs d'asile soient bien traités. Nous leur devons le logement, la sécurité, l'alimentation ainsi que l'éducation pour les mineurs. Travaillez avec l'ONU pour que des camps d'accueil soient ouverts dans de nombreux pays du monde, dans l'attente du résultat de la demande d'asile.


• Que les déboutés du droit d'asile soient reconduits dans leur pays d'origine.


• Qu'une réelle politique d'intégration soit mise en œuvre. Vivre en France implique de devenir français (cours de langue française, cours d'histoire de France et cours d'éducation civique avec une certification à la fin du parcours).


• Salaire maximum fixé à 15 000 euros.


• Que des emplois soient crées pour les chômeurs.


• Augmentation des allocations handicapés.


• Limitation des loyers. Davantage de logement à loyers modérés (notamment pour les étudiants et les travailleurs précaires).


• Interdiction de vendre les biens appartenant à la France (barrage, aéroport...)


• Moyens conséquents accordés à la justice, à la police, à la gendarmerie et à l'armée. Que les heures supplémentaires des forces de l'ordre soient payées ou récupérées.


• L'intégralité de l'argent gagné par les péages des autoroutes devra servir à l'entretien des autoroutes et routes de France ainsi qu'à la sécurité routière.


• Le prix du gaz et l'électricité ayant augmenté depuis qu'il y a eu privatisation, nous voulons qu'ils redeviennent publics et que les prix baissent de manière conséquente.


• Fin immédiate de la fermeture des petites lignes, des bureaux de poste, des écoles et des maternités.


• Apportons du bien-être à nos personnes âgées. Interdiction de faire de l'argent sur les personnes âgées. L'or gris, c'est fini. L'ère du bien-être gris commence.


• Maximum 25 élèves par classe de la maternelle à la terminale.


• Des moyens conséquents apportés à la psychiatrie.


• Le référendum populaire doit entrer dans la Constitution. Création d'un site lisible et efficace, encadré par un organisme indépendant de contrôle où les gens pourront faire une proposition de loi. Si cette proposition de loi obtient 700 000 signatures alors cette proposition de loi devra être discutée, complétée, amendée par l'Assemblée nationale qui aura l'obligation, (un an jour pour jour après l'obtention des 700 000 signatures) de la soumettre au vote de l'intégralité des Français.


• Retour à un mandat de 7 ans pour le président de la République. L'élection des députés deux ans après l'élection du président de la République permettait d'envoyer un signal positif ou négatif au président de la République concernant sa politique. Cela participait donc à faire entendre la voix du peuple.)


• Retraite à 60 ans et pour toutes les personnes ayant travaillées dans un métier usant le corps (maçon ou désosseur par exemple) droit à la retraite à 55 ans.


• Un enfant de 6 ans ne se gardant pas seul, continuation du système des aides PAJEMPLOI jusqu'à ce que l'enfant ait 10 ans.


• Favoriser le transport de marchandises par la voie ferrée.


• Pas de prélèvement à la source.


• Fin des indemnités présidentielles à vie.


• Interdiction de faire payer aux commerçants une taxe lorsque leurs clients utilisent la carte bleue. Taxe sur le fuel maritime et le kérosène.


Paris André BELLON 

extrait de « Une nouvelle vassalité, Contribution à une histoire politique des années 1980 »,

Mille et une nuits, Paris, 2007

De l'homme libre à la victime

 

Récemment, une campagne publicitaire  a  voulu attirer l'attention sur des « héros ordinaires ». Il s'agissait en fait de personnes qui avaient réussi à surmonter un cancer. Est-ce à dire que ceux qui en sont morts sont de tristes anti-héros ? Bien pis, serait-ce à dire que ceux qui n'ont pas eu le cancer n'ont droit qu'à une moindre considération ?


On peut juger que cette campagne n'était qu'une des nombreuses bizarreries de notre société « de communication ». Ce serait une erreur. Car tout, depuis déjà des années, pousse à mettre la victime au cœur de nos représentations symboliques. N'a-t-on pas vu, dans la même période, se développer une campagne ayant pour but de transférer les cendres d'Alfred Dreyfus au Panthéon ? Alfred Dreyfus a été, certes, l'objet d'une abominable machination portant atteinte à son honneur et à la vérité, mais en quoi le fait d'avoir été condamné à tort et d'avoir souffert de façon ignoble en fait-il un héros ? Il eut été plus légitime de magnifier le colonel Picquart qui, en révélant la manipulation militaire ourdie contre Dreyfus, mit en péril non seulement sa carrière, mais aussi sa vie, pour faire triompher la vérité et la justice.


Je ne suis pas de ceux qui aiment le Panthéon. L'idée de donner une sorte de transcendance aux « grands hommes » m'est assez étrangère même si je comprends qu'une société ait besoin d'exemples. Mais je suis encore moins porté à magnifier les victimes. S'il n'est pas question de minimiser les souffrances subies, s'il est bon que soient enfin reconnus les droits des victimes, que prennent fin des réactions archaïques présentant celles-ci comme consentantes, par exemple dans les affaires de viol, il est, en revanche, nuisible de résumer une société aux seules souffrances qu'elle impose.


Une telle perception entraîne, en effet, des conséquences philosophiques et morales considérables.


Si elle caractérise aujourd'hui notre monde, la question n'est pas neuve pour autant. Victor Hugo l'éclairait déjà, le 9 juillet 1849, à l'Assemblée nationale : « Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé ! Vous n'avez rien fait tant que le peuple souffre ! ... Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde, ... mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère. ... Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas le fait, le devoir n'est pas rempli. »


Dans l'apitoiement vis-à-vis des miséreux, il y a plus légitimation que remise en cause d'un ordre inégalitaire et oppressif. Victor Hugo ajoutait d'ailleurs, avec une extrême clairvoyance : « Vous n'avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux ! » Collaborateur fatal ! Oui, car leurs sorts sont liés dans la perpétuation des injustices sociales. Mettre Dreyfus au Panthéon, c'est magnifier les souffrances qu'il a endurées et auxquelles il a réussi à survivre ; y mettre le colonel Picquart, c'est magnifier le combat contre un système oppressif et sectaire. Jean Moulin est grand par son combat et non par les tortures qu'il a endurées.


La façon qu'a notre société de transformer en héros tout ce qui souffre et hurle révèle la maladie de l'époque, cette époque incapable de regarder une pathologie en face. Pourquoi cette habitude nouvelle de prendre le malade pour extraordinaire ? La victimisation est cette tendance à conférer aux victimes un statut social ou une attention souvent proche d'une sacralisation. La transformation des victimes en héros aboutit à les enfermer dans leur statut de victime. Rien de moins révolutionnaire qu'une victime décorée !


Si la pression des associations de victimes a permis de mieux traiter juridiquement les préjudices subis, elle a, dans le même temps, de plus en plus poussé à ériger ce « statut de victime », conservateur, voire, à la limite, attractif. Elle peut alors entraîner des dérapages malsains comme l'ont prouvé les mensonges de la principale accusée dans l'affaire d'Outreau. On ne juge alors plus des coupables en fonction de leurs personnalités et des actes commis, mais en fonction de la souffrance perçue par les victimes. On redevient alors dépendant de symptômes moyenâgeux telle la peur des sorcières qui poussaient les victimes à la recherche de coupables imaginaires, imaginaire qui accompagne si souvent la sacralisation. Car, selon Antoine Garapon et Denis Salasi, « l'idée que l'on a d'un "crime" n'est pas neutre : le crime révèle l'atteinte à ce qu'il y a de sacré dans une société ».


Cette idéologie laisse poindre l'idée que tout crime - aussi ancien soit-il - doit être publiquement reconnu devant un improbable tribunal de l'Histoire, en vue d'une catharsis historique. Rêve de pureté par le dévoilement des crimes, par les réparations et l'expiation collective ! Cette recherche de rédemption nous ramène au péché originel, si typique des sociétés de pénitence et d'ordre moral.


Triste ironie, la place ainsi accordée désormais à la victime, la multiplication de paroles de contrition, l'octroi de réparations, engendrent un sentiment d'exclusion pour toutes les autres victimes, celles qui estiment leur tragédie oubliée, voire niée.


La victimisation pousse ainsi des groupes à se solidifier autour d'un préjudice, réel ou supposé ; elle contribue donc au développement du communautarisme. Ainsi, les « indigènes de la République » se constituent-ils, dans les banlieues, autour de leur solidarité supposée du fait des sévices subis par leurs ancêtres colonisés. Le statut de victime deviendrait ainsi héréditaire, presque génétique, au risque d'ailleurs de vampiriser l'identité des personnes et de transformer le citoyen en créancier des institutions. Mais qui décide du degré de souffrance, de l'importance relative des victimes ? Ce sont les intérêts politiques et économiques des gouvernements, les lobbies et les groupes d'intérêt, le poids des diasporas, les associations et les médias. Des juristes se sont d'ailleurs insurgés contre ces méthodes de sélection des victimes. Ainsi, évoquant successivement les réparations accordées aux Indiens et aux Japonais-Américains, puis les réparations accordées dans l'urgence par le gouvernement américain aux familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001, Roy L. Brooksii, professeur de droit à l'université de San Diego, juge qu'aux États-Unis, « ce sont seulement les Afro-américains qui sont les laissés-pour-compte de cette sollicitude généralisée ».


Cette compétition s'est particulièrement manifestée à la conférence des Nations unies contre le racisme à Durban en 2001, chaque groupe s'estimant plus créancier sur le baromètre de la souffrance. L'utopie victimaire appuyée par les tribunaux pénaux internationaux, la justice « transitionnelle », les mécanismes « réparateurs », la multiplication des commissions vérité, les réparations... se révèlent dans une triste course à l'échalote pour la médaille de l'horreur.


La sacralisation, mais aussi cette sélection des victimes, liées à l'affirmation de la nouvelle morale occidentale, génèrent en retour de très fortes réactions. Dans les ex-pays colonisés, ainsi que pour certaines organisations afro-américaines, le sentiment d'injustice est profond. Étrange retournement des signes engendré bien involontairement par le succès des droits des victimes de l'Histoire : cette mécanique sociale qui devait servir à inclure participe désormais à des politiques de repli identitaire. Nature ambiguë de cette tentative de moralisation des mœurs internationales !


La politique de la « réconciliation » incarnait le projet d'un nouvel homme, une vision d'un ordre harmonieux parvenant à expulser la violence de l'histoire en l'encadrant juridiquement. Cet idéal de pureté est consubstantiellement lié à la montée du religieux dans l'après-guerre froide, religieux qui, de plus en plus, imprègne le rituel même du politique comme aux Etats-Unis. La surreprésentation de membres du clergé dans la commission vérité et réconciliation sud-africaine, le fait que ses audiences commençaient par des prières, la vision morale du monde dans le combat entre les forces du « Bien » et du « Mal » sont les signes de ce retour du religieux.


Loin de ces dérapages, de ces repentances collectives, contre ce renouveau des forces obscures, il faut au contraire retrouver le sens de l'humain. Or, la condition humaine s'exprime aussi par le combat. La victimisation, en enfermant l'individu dans son statut -et dans une catégorie- de victime, le conforte dans une situation de dépendance, l'éloigne de la lutte collective contre l'oppression. Elle met l'accent sur des crimes « notoires », de l'ordre du fait divers comme de l'ordre du phénomène historique. Mais elle ignore d'autres souffrances, d'autres « victimes », notamment celles de la violence économique et sociale. Et pourtant, pour la personne humaine, il n'y a pas de différence entre souffrir parce qu'un crime bien catalogué a été commis à son encontre ou lorsqu'elle est victime de circonstances non cataloguées : perdre son travail en particulier parce que la « logique économique » y pousse.


Pourquoi devrais-je alors me contenter d'être considéré comme victime alors que le système économique devient de plus en plus asocial ? La « résistance à l'oppression », inscrite dans le texte même de la Déclaration des droits de l'homme et du Citoyen, n'aurait- elle plus de sens ?


Victor Hugo, par son discours fameux sur la misère, se mit en marge de la classe dirigeante à laquelle il appartenait jusque là. Il avait, en effet, franchi le pas qui sépare la commisération de la lutte en affirmant qu'il ne souhaitait pas aider les miséreux, mais détruire la misère. Pourquoi cette distinction serait- elle moins pertinente aujourd'hui ?






Paris, André BELLON

Gilets jaunes, pour le débouché démocratique


L'action des gilets jaunes n'est pas un épiphénomène. C'est une traduction de la misère sociale autant que de la solitude de personnes qui ne se sentent plus citoyens. La demande de l'élection d'une Constituante est naturelle dans une telle situation et voila des années que nous le sentons venir. La rédaction des cahiers d'exigence en est une traduction immédiate.

La France a besoin d'un sursaut. Elle a besoin de son peuple, non pas pour l'affrontement, mais pour affirmer une construction autour d'un contrat social. Il faut savoir répondre aux crises, non pour utiliser la force, mais pour répondre aux défis.


Deux textes pour comprendre la situation contemporaine écrits par André Bellon &  Anne-Cécile Robert 

La crise actuelle est aussi, et peut-être avant tout, une crise de la représentation politique. Dans le débat fondamental qui se développe enfin, il nous a paru utile de vous proposer de relire les deux livres que nous avons publié en 2001 et 2003.


Beaucoup de ce que nous avons écrit alors est demeuré d'actualité et peut servir d'outil pour sortir de l'impasse actuelle.


Il s'agit de "Un totalitarisme tranquille. La démocratie confisquée" et "Le peuple inattendu".


Lien https:

//www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article1567


Paris André BELLON  

Citoyens, ne vous laissez pas avoir une fois de plus!

Va-t-on retirer aux citoyens un de leurs biens les plus précieux : le droit à la parole ? On peut le craindre en lisant l'article publié par l'hebdomadaire Marianne sous la signature de François de Closets. Ce super libéral économique, adversaire obstiné des services publics dans lesquels il voit depuis 60 ans des nids de privilèges, prétend répondre aux souffrances exprimées par des gilets jaunes qui se battent pour maintenir ces services dans les zones abandonnées. Pour renouer les liens entre élus et électeurs, il préconise le tirage au sort. On voit mal en quoi priver les citoyens du choix de leurs représentants, en s'en remettant au hasard, comblerait le fossé entre gouvernants et gouvernés. On voit mal en quoi cela rétablirait un lien -sauf à compter sur la mystérieuse sagesse d'une non moins mystérieuse main divine-, mais on ne peut qu'être frappé par le lien, réel celui-là- entre sa prise de position et celle de nombreux personnages médiatiques, à commencer par Natacha Polony, rédactrice en chef du journal qui a publié l'article de Closets.

Mais, plutôt que de nous en remettre aux médias - dont la clairvoyance ne saute pas aux yeux -, peut-être faudrait-il donner aux citoyens les moyens de mener sereinement la réflexion, principalement à partir des communes ou des quartiers. Tentons alors de clarifier les enjeux.

Que les représentants ne représentent plus les citoyens ne constitue pas vraiment une découverte. Nous le savons depuis que le vote des français, le 29 mai 2005, contre le traité constitutionnel européen a été bafoué. C'est d'ailleurs ce qui nous a conduit à appeler à l'élection d'une assemblée Constituante.

De nombreuses pistes sont aujourd'hui explorées. Certaines idées à la mode méritent d'autant plus qu'on y réponde que, favorisées par les médias, elles se présentent ensuite comme la réponse spontanée des réseaux sociaux.

Première idée, la solution à la crise de la représentation résiderait dans le Référendum d'initiative citoyenne (RIC). C'est une bonne idée qui, d'ailleurs, légitime le suffrage universel, même si les modalités demandent évidemment à être précisées. Mais cela ne règle pas l'ensemble de la question de la démocratie car il reste la question de la représentation comme l'illustre l'exemple suisse où cohabite instances élues et RIC. Mais, curieusement, nombre de partisans du RIC en France lie celui-ci à l'instauration du tirage au sort. En bref, « citoyens, on vous donne le RIC, pour le reste on supprime votre droit de vote ». Curieuse conception de liberté du citoyen.

Deuxième idée, largement évoquée par les partisans du hasard, il ne s'agirait que de désigner une partie seulement des représentants. Vieille ficelle politicienne, on commence par un peu pour obtenir beaucoup. Pourquoi une partie et pas tout ? On ne peut pas être « un peu » en démocratie. On n'est pas démocrate à temps partiel.

Troisième idée, plus subtile : on ne tire pas au sort n'importe comment, mais en tenant compte des catégories sociales. On considère alors que le citoyen est déterminé politiquement par sa place sociale. Cette idée est en fait vicieuse et, si on la suivait, on considérerait que Jaurès était à droite et Doriot à gauche ! Et que dire du bourgeois Karl Marx ?

Quatrième idée, encore plus subtile : pour ne forcer la main de personne, on ne tirerait au sort que parmi des volontaires. Mais alors, n'est-ce pas récréer une caste de bienheureux ? Et comment ne pas voir se profiler la main des fameuses « minorités agissantes » ?

Cinquième idée, toujours plus subtile, les tirés au sort, n'étant pas des professionnels de la politique -les considéreraient-on incompétents ? -, seraient placés face à des experts, plus ou moins contradictoires, qui leur expliqueraient la vie. Cette idée, pas tout à fait innocente, est largement portée par des personnes qui, curieusement, se voient bien dans le rôle des fameux experts. Et qui choisira les experts ? Faudra-t-il les tirer au sort ? Et qui peut croire que les experts sont des eunuques de la pensée, n'ayant aucune conviction de droite, de gauche ou du centre ?

Passons sur un discours, qui prend quelques libertés avec l'histoire, considérant qu'il faut revenir aux origines grecques de la démocratie, oubliant que les électeurs n'étaient alors qu'une fraction socialement homogène et qu'on votait lorsqu'il s'agissait des postes les plus importants. En effet, compte tenu des responsabilités qui sont les leurs, le choix de ceux qui nous représentent et qui nous gouvernent ne peut provenir que des électeurs qui les ont choisi après un débat libre et raisonné.

En fait, au-delà des obscurcissements pas innocents du tout, la question est simple. Le droit de vote est un bien public. Il appartient à chaque citoyen, qui l'exerce comme il l'entend. La crise actuelle de la démocratie n'est pas liée au suffrage universel, mais au fait que le système politique l'empêche de s'exprimer en ne présentant que des choix dans lesquels la majorité des citoyens ne se reconnaissent pas. On ne voit pas en quoi la chose serait différente avec des tirés au sort qui, d'ailleurs, n'auraient pas de compte à rendre à leurs mandants puisqu'il n'y aurait plus de mandants. Depuis toujours, le suffrage universel est un combat ; son adoption est le fruit d'une insurrection populaire en 1792, et ce n'est pas un hasard s'il est attaqué aujourd'hui par les tenants de l'ordre dominant (Terra Nova, Rosanvallon, Joffrin, De Closets, etc.).

Citoyens, le suffrage universel vous appartient et vous est volé depuis des années. Il est le signe de reconnaissance de votre participation à l'humanité. Il est un des attributs de votre souveraineté. C'est à vous et à vous seuls de le défendre.


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