La Spéculation selon Claude Giraud de Rochefort

A vous, Messieurs les investisseurs, les spéculateurs, n'est il pas dangereux de jouer au chat et à la souris?

Dans bien des secteurs vous intervenez pour faire votre beurre, vous permettant de vous immiscer dans le vie de tous les peuples.

Vous entrez dans la danse, selon votre convenance, pour dicter qui doit ou ne pas se remplir la panse, impliquant le destin du monde, faisant fléchir certains individus devant une poignée de cerises. Mais quel dieu vous en a rendu légitime si ce n'est le dieu Argent, celui que vous implorez à chaque instant, celui qui ne peut flirter avec les indigents et sans qui les riches n'existeraient pas. Vous intervenez dans bien des domaines, quitte à faire de la peine, vous êtes sur tous les fronts, mais attention, un jour peut-être, cela ne vous rapportera rien de bon. Dans l'industrie comme dans l'agro-alimentaire, vous faites plier les prolétaires pour qu'ils acceptent un travail précaire souvent mal payé et cela vous le savez bien, lorsque l'on crève de faim, on est prêt à travailler pour presque rien ou simplement une bouchée de pain.

Mais attention, veillez bien au grain. Cet argent que vous voulez de plus en plus performant n'est pas toujours celui de votre sueur lorsque vous vous accaparez des milliers d'hectares de terre qui appartenaient aux petits propriétaires des régimes totalitaires de l'ancien rideau de fer, en leur faisant miroiter monts et merveilles. Après maintes réflexions, s'étant rendues à l'évidence, ils ont eu l'impression d'être spoliés particulièrement pour les terres limoneuses d'Ukraine, les meilleures du monde. 

Vous agissez sur des peuples qui ont déjà beaucoup souffert et qui à force de misère, de la vie n'en auront bientôt plus rien à faire puisque vous seuls avez la main mise sur les stocks de nourriture. Aussi veillez à ne pas faire de bavure et régulez les marchés convenablement si vous ne voulez pas avoir une bombe à retardement et vous retrouvez au firmament avant les miséreux que vous avez envoyé à la périphérie des villes grossir le nombre des chômeurs. Beaucoup regrettent déjà et ont mal au cœur d'avoir cédé devant votre clameur, les lopins de terre qui auraient pu à l'avenir leur éviter de courir dans les cimetières derrière bien des mises en bière.